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http://fr.vans.free.fr/hongrie.htm |
index |
1. DES ORIGINES À BÉLA III |
hongrie |
1.1. PREMIERS PEUPLEMENTS |
magyar |
Vers 500 avant J.-C., des Illyriens et des Thraces
s'installent dans le territoire qui constituera la Hongrie ; ils sont
suivis par des Scythes et
des Celtes, en
attendant les Romains, qui, au ier siècle après J.-C., occupent la Transdanubie et en font la
province de Pannonie. |
comte de saint germain |
Un siècle plus tard, Trajan fait de la Transylvanie le centre de la Dacie ; mais, dès 271, Rome
doit l'abandonner aux Ostrogoths ; en 409, ceux-ci quittent la
Pannonie ; derrière eux s'engouffrent Gépides, Huns, puis Avars. |
violante |
1.2. LES HONGROIS OU MAGYARS |
23andme |
Au ixe siècle arrive des steppes de l'Est une population
nomade, originellement établie dans le nord de l'Oural et dont la langue sera
classée dans la famille finno-ougrienne, les Hongrois, ou Magyars. Contraints par les Petchenègues à franchir les
Carpates, ils s'installent dans le bassin danubien et, de là, entreprennent
des raids, auxquels mettront fin la défaite du Lechfeld (955) devant
l'empereur germanique Otton Ier, tandis que les
Byzantins mettent un terme quelques années plus tard à leurs incursions dans
l'Est. |
hrabia saint germain |
1.3. ÁRPÁD (?-907) ET ÉTIENNE Ier (997-1038) |
ferenc II Rakoczy |
Un de leurs chefs, Árpád, fonde la dynastie nationale. Un descendant d'Árpád, le
duc Géza (972-997),
impose sa domination à toutes les tribus et se fait baptiser avec toute sa
famille. Son fils, Étienne Ier (997-1038),
écrase les révoltes, occupe la Transylvanie. Après avoir fait évangéliser le
pays par des missionnaires italiens, il obtient de Rome une organisation
ecclésiastique indépendante de la Germanie et reçoit du pape
Sylvestre II la couronne royale, qui assure l'indépendance de la Hongrie
(1000). Il disloque les tribus en divisant le domaine royal en comitats ; à sa mort, en
1038, l'État hongrois est né, mais cette mort ouvre une ère anarchique
caractérisée par les guerres de succession et la suzeraineté de l'Empire. |
clausel |
1.4. EXPANSION VERS LES BALKANS |
george II Rakoczy |
Cependant le règne d'André Ier (1047-1060)
marque un retour à l'indépendance. L'un des successeurs de ce roi, Ladislas Ier (1077-1095), conquiert même la Slavonie, la Croatie et
les villes dalmates ; son fils, Kálmán (1095-1116), poursuit la politique hongroise d'expansion
dans les Balkans. Mais Géza II (1141-1162) doit subir la pression de Byzance. |
françois II Rakoczy |
1.5. BÉLA III (1172-1196) ET LA PREMIÈRE APOGÉE DU
ROYAUME HONGROIS |
thomé de souza |
Bien que porté au trône par son oncle le basileus
Manuel Ier, Béla III (1172-1196) secoue sa tutelle et,
appuyé par le pape, reprend la Dalmatie aux Byzantins. Son règne marque la
première apogée du royaume hongrois, qui atteint 2 millions d'habitants.
Tandis que l'administration se modernise et que l'artisanat prend son essor,
les Cisterciens multiplient les défrichements. |
hrabia saint germain |
2. LES DERNIERS ÁRPÁD |
wanc |
André II (1205-1235), affronté
à la féodalité montante, doit concéder la Bulle d'or (1222), qui exonère
d'impôts la petite noblesse et admet la restriction des privilèges
royaux. Béla IV (1235-1270) s'efforce bien de rétablir le pouvoir royal,
mais celui-ci est encore affaibli par une invasion mongole (1241-1242) qui
dépeuple et ravage le pays. Au lendemain de cette épreuve, le royaume se
couvre de châteaux forts. Face aux puissants féodaux, le roi s'appuie sur la
petite noblesse, tandis que les villes se peuplent d'une bourgeoisie active.
En 1301, la mort du dernier Árpád, André III, précipite le morcellement féodal. |
main droite cachée |
3. LA DYNASTIE D'ANJOU-LUXEMBOURG (1205-1437) |
polska |
Contre d'autres prétendants, c'est
finalement Charles Ier Robert, des Anjou de Naples
(1308-1342), qui reçoit en 1308 la couronne de Hongrie avec l'appui du pape
Boniface VIII. Charles Ier Robert raffermit le pouvoir royal ;
la découverte de mines d'or enrichit la bourgeoisie, tandis qu'une
association diplomatique tchéco-polono-hongroise (1335), en stoppant
l'expansion des Habsbourg, permet à la Hongrie de s'accroître de la Bosnie. |
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Le fils de Charles Robert, Louis Ier le Grand (1342-1382), porte de nouveau le royaume hongrois à
l'apogée, réalisant l'union de la Hongrie, de la Croatie, de la Dalmatie et
devenant (1370) roi de Pologne. Mieux, son gendre, Sigismond de Luxembourg (1387-1437),
bien que défait par les Turcs (Nicopolis, 1396), obtient la couronne
impériale (1410) et celle de Bohême (1419), mais il perd la Dalmatie. À
l'intérieur de la Hongrie, il ne peut rien contre l'oligarchie, à laquelle il
essaie d'opposer les villes par lui privilégiées. De 1437 à 1440, une guerre
de succession ravage le pays ; finalement, les Jagellons triomphent. |
pl-multilingual |
4. JAGELLONS ET HUNYADI (1440-1526) |
twanclik |
Les États de la maison des Jagellons |
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monita-secreta.fr |
Ladislas III Jagellon, roi de Hongrie (1440-1444) sous
le nom d'Ulászló Ier, doit confirmer les droits politiques de la
noblesse. Aidé par le Valaque Jean Hunyadi, il s'avance jusqu'à Sofia, mais
il périt à Varna, face aux Turcs, vainqueurs. |
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Jean Hunyadi (→ Hunyadi), régent (1446-1456),
stoppe les Turcs devant Belgrade (1456), mais meurt peu après, laissant un
pays bien peuplé (4 millions d'habitants), prospère, encore que son
commerce international soit contrôlé par les Allemands. |
index2 |
Après lui, son fils Mathias Hunyadi, dit Corvin (1458-1490), s'efforce
de renforcer la centralisation et privilégie lui aussi les villes face à
l'aristocratie. Il conquiert la Bohême, la Moravie, la Silésie et s'installe
même à Vienne (1485), tout en maintenant à Buda une cour brillante, foyer européen
d'humanisme. Mais son autorité a été telle qu'à sa mort les magnats écartent
son fils pour choisir le prince le plus faible de l'Europe centrale,
Ulászló II Jagellon (1490-1516), déjà roi de Bohême (sous le nom
de Vladislav II), qui perd tout le terrain gagné par Mathias Corvin :
l'oligarchie redevient maîtresse du pays, la paysannerie se révolte. |
R1a1a1b1a1-m458-alans |
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Le fils de Vladislav II, Louis II (1516-1526), non seulement ne peut freiner cette
décadence, mais il est battu par Soliman le
Magnifique à Mohács (→ bataille de Mohács, 1526). Il
meurt sans descendance, laissant le pays en proie aux divisions. |
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5. L'EMPRISE DES HABSBOURG ET LA FIN DE
L'INDÉPENDANCE (1526-1711) |
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En 1526, Ferdinand de Habsbourg – frère de
Charles Quint – est élu roi de Hongrie par la diète de Presbourg et
devient le maître des parties nord et ouest du royaume (Hongrie royale),
tandis que le parti national de Jean Zápolya conserve le Centre et l'Est. |
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À la mort de Zápolya (1540), le Sultan occupe Buda et la
plaine danubienne, ne laissant à Jean Sigismond (le fils nouveau-né de Jean Zápolya, roi de 1540 à 1571)
que la Transylvanie, qui, en 1556, devient une principauté indépendante,
encore que payant tribut au Sultan. Cependant les Habsbourg accentuent leur
pression : de 1591 à 1606 sévit la guerre de Quinze Ans, caractérisée
par la terreur organisée par l'armée impériale. Finalement, le soulèvement
dirigé par Étienne Bocskai oblige les Habsbourg à reconnaître les privilèges
de la Hongrie royale et de la Transylvanie, où une grande partie de la
population a adhéré à la Réforme. |
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Georges Ier Rákóczi, prince de
Transylvanie (1630-1648), confirme les libertés constitutionnelles et
religieuses du pays, où la Contre-Réforme, menée par les Habsbourg, assure le triomphe du catholicisme. |
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Mais Georges II Rákóczi (1648-1660) provoque
le mécontentement du Sultan en intervenant en Pologne ; aussi la
Transylvanie perd-elle son indépendance. Privée de son appui, la Hongrie
royale tombe sous le joug des Habsbourg. |
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Sous Léopold Ier (empereur de
1658 à 1705), le pays est ravagé par une véritable guerre civile opposant
nobles et paysans au pouvoir central. L'insurrection s'arrête lors de
l'offensive victorieuse de l'armée impériale, qui permet aux Habsbourg de se
débarrasser définitivement des Turcs (→ paix
de Karlowitz, 1699). |
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Mais, en 1703, une formidable
insurrection conduite par François II Rákóczi soulève le pays,
qui, en un an, est libéré des Habsbourg. Rákóczi est proclamé prince
souverain (1704), tandis que la Transylvanie, elle aussi, est libérée. En 1707,
le Parlement proclame la déchéance des Habsbourg et l'indépendance de la
Hongrie. |
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En 1711 cependant, en l'absence de Rákóczi, le chef de
l'aristocratie, Sándor Károlyi, conclut avec les Habsbourg une paix de compromis qui assure
l'amnistie et l'autonomie : en fait, celle-ci consistera surtout dans le
maintien des privilèges d'une noblesse (magnats) dont l'empereur Charles VI (couronné roi
de Hongrie sous le nom de Charles III) a besoin pour faire reconnaître
son autorité. |
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Pour en savoir plus, voir l'article Habsbourg. |
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6. LES HABSBOURG MAÎTRES DU PAYS (1711-1848) |
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De 1711 à 1740 règne Charles III, qui proclame (1715)
l'indivisibilité de la Hongrie et des provinces héréditaires des
Habsbourg ; le gouvernement du pays dépend en fait de la chancellerie de
Vienne. Les Habsbourg implantent des colonies venues de tous les points de
l'Empire. Marie-Thérèse (1740-1780),
qui s'appuie elle aussi sur les magnats, enferme la Hongrie dans un système
douanier très favorable à l'Autriche. Joseph II (1780-1790) tente de moderniser le pays, mais sa
politique centralisatrice et germanophile se heurte à l'opposition
grandissante des Hongrois. Si bien que Léopold II (1790-1792) reconnaît à la Hongrie la spécificité de ses
lois et coutumes. |
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Cependant, la peur de la Révolution
française rassemble la noblesse hongroise
autour de l'empereur François II (François Ier de Hongrie) [1792-1835]. Tandis que les idées libérales
et nationales se répandent dans les milieux intellectuels, grâce à l'abbé
Ignać Martinovics, le livre du comte I. Széchenyi (1830) – le Crédit – met en accusation
tout le système féodal. |
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Sous Ferdinand Ier (1835-1848), le courant
réformiste et national se renforce avec Ferenc Kölcsey, Ferenc Deák et
surtout Lajos Kossuth, qui exige l'égalité devant la loi et devant l'impôt
ainsi que la suppression des privilèges. |
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Pour en savoir plus, voir l'article révolutions
européennes de 1848. |
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7. LES GRANDS MOUVEMENTS NATIONAUX (1848-1867) |
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En mars 1848, l'Autriche, cédant sous la pression de la
révolution, nomme Lajos Batthyány Premier ministre et unit la Transylvanie à une Hongrie
royale devenue autonome (16 mars). Mais, en Croatie, Jelačić, encouragé par
Vienne, organise une armée, qui envahit la Hongrie. Cette dernière se dote
d'un Comité national de défense, dirigé par Lajos
Kossuth, qui bat les troupes de
Jelačić (29 septembre). |
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Cependant, les Autrichiens, qui ont mis fin à la révolution à
Vienne, envahissent la Hongrie en décembre 1848 et occupent Pest en janvier
1849. Au printemps, les troupes autrichiennes sont refoulées, et, le
14 avril, le Parlement hongrois décide la déchéance des Habsbourg et
élit Lajos Kossuth président-gouverneur (14 avril) sans que la
république ne soit proclamée. François-Joseph appelle alors à l'aide le
tsar Nicolas Ier, dont les troupes battent les Hongrois à Világos (13 août). Une
dure répression s'instaure ; le pays, découpé, est dirigé de Vienne, qui
impose l'allemand comme langue officielle. |
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Cependant, sa défaite militaire en Italie (1859) oblige
François-Joseph à réviser sa politique en Hongrie. Le « Diplôme
d'octobre » (1860) réorganise l'Empire dans un esprit fédéral. Mais la
« patente » de février 1861 marque un retour à la centralisation,
et le Parlement hongrois est dissous. La défaite autrichienne devant la
Prusse (→ bataille de Sadowa, 1866) amène l'empereur-roi à nommer
un gouvernement hongrois dirigé par Gyula Andrássy. Le
« Compromis » de 1867 crée une double monarchie austro-hongroise. |
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8. LE DUALISME AUSTRO-HONGROIS (1868-1918) |
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La monarchie austro-hongroise |
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L'Empire est partagé, de part et d'autre de la Leitha, entre l'Autriche, ou Cisleithanie, et la Hongrie,
ou Transleithanie qui
comprend de nombreuses populations non magyares en Transylvanie (Roumains) et
en Croatie-Slavonie notamment. |
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En Hongrie, l'absolutisme est tempéré par la règle du
contreseing ; le pouvoir législatif est confié à deux chambres : la
Chambre des magnats et la Chambre des représentants (dominée par la
noblesse). L'Autriche et la Hongrie restent liées par la dynastie, par les
affaires communes. Il y a en effet un ministère d'Empire (Affaires
étrangères, Finances, Guerre), dont les ministres sont contrôlés par deux
Délégations de soixante membres chacune, délibérant séparément, sauf
exception, et alternativement à Vienne et à Pest. |
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La formation de la Hongrie |
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Comme le droit de vote n'appartient qu'aux propriétaires et
aux fonctionnaires, presque tous magyars (1 200 000 sur
20 millions en 1914), il n'y a en Hongrie guère d'évolution vers la
démocratie. |
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Kálmán Tisza, au pouvoir de 1875 à 1890,
pratique une politique de magyarisation qui finira par provoquer des
troubles, surtout chez les Slaves du Sud. En 1868, un compromis avait établi
l'union personnelle entre la couronne de Hongrie et la couronne de
Croatie-Slavonie, ce dernier pays jouissant d'une certaine autonomie ;
mais l'accord n'est pas respecté et les Croates sont opprimés. Les
politiciens hongrois, faisant assaut de nationalisme, réclament que le magyar
soit employé comme langue de commandement dans l'armée de la double
monarchie, ce qui provoque une détérioration des relations avec Vienne,
jusqu'au jour où François-Joseph menace les magnats du suffrage universel. |
|
Ce n'est pas sans hésitation que la Hongrie se range aux côtés
de l'Autriche dans la Première Guerre mondiale. Les défaites amènent la fin du dualisme austro-hongrois. Le
23 octobre 1918 se constitue un Conseil national, composé des partis de
l'Indépendance, social-démocrate et radical. Après des émeutes à Budapest
(28 octobre), l'archiduc Joseph, représentant du roi Charles (1916-1918), refusant de confier
le pouvoir au chef de l'opposition, le comte Mihaly
Károlyi, le Conseil national prend le pouvoir
dans la nuit du 30 au 31 octobre. La république est proclamée le
16 novembre 1918. |
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9. LA HONGRIE APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE |
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9.1. LA BRÈVE RÉPUBLIQUE DES CONSEILS |
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La première République hongroise, dirigée par Károlyi, est
affrontée à une situation catastrophique, qui provoque un mécontentement dont
bénéficie le parti communiste hongrois, formé le 24 novembre. Le
20 février 1919, à la suite d'une manifestation ouvrière qui se
transforme en bataille sanglante, le parti communiste est dissous. Le
gouvernement Károlyi, ne voulant pas entériner les frontières telles que les
Alliés les ont fixées, démissionne le 20 mars. |
|
Se constitue alors une République des Conseils
(21 mars), dirigée par les communistes et qui nationalise l'industrie et
les grandes propriétés terriennes. La nouvelle Constitution (2 avril)
attribue le pouvoir législatif à l'Assemblée nationale des Conseils ouvriers,
paysans et militaires, et le pouvoir exécutif au Conseil exécutif
révolutionnaire des commissaires du peuple, présidé par Béla Kun. Mais
l'armée rouge hongroise échoue dans son offensive contre les Roumains, qui
ont envahi le pays. Le Conseil révolutionnaire doit démissionner
(1er août) : la République des Conseils aura duré 133 jours. |
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9.2. CONTRE-RÉVOLUTION ET FASCISME |
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En janvier 1920, est élu un parlement dominé par les
conservateurs de l’Union nationale chrétienne et les agrariens du parti des
Petits Propriétaires. La monarchie est rétablie et le
contre-amiral Miklós Horthy devient régent de ce « royaume
sans roi ». Une violente répression s’abat sur les communistes et les
socialistes, une législation d’exception étant adoptée à l’égard des juifs.
Le 1er mars, la Hongrie rompt officiellement ses liens avec l’Autriche. |
|
La paix de Trianon (4 juin) entérine la perte de la Slovaquie, de la
Ruthénie, de la Transylvanie, de la Croatie, de Fiume et du Banat, ferment de
l'irrédentisme et du nationalisme hongrois. En réponse à deux tentatives de
restauration de Charles IV (Charles Ier d'Autriche) – mars et octobre –, les Habsbourg sont
définitivement écartés du trône (novembre). En 1927, le gouvernement hongrois
dirigé par le conservateur István Bethlen depuis 1921, signe un traité d'amitié avec l'Italie dans
l'espoir d'obtenir la révision du traité de Trianon. |
|
Après 1932, la nomination au poste de Premier ministre de G.
Gömbös, un officier ultranationaliste affichant sa sympathie pour les
orientations de Mussolini et de Hitler auxquels il rend visite, entraîne un
rapprochement avec l’Italie fasciste puis avec l’Allemagne nazie. Après la
mort de Gömbös en 1936, cette politique est globalement poursuivie par son
successeur Kálmán Darányi. On assiste alors à une poussée de l'extrême droit
représentée par Ferenc Szálasi, fondateur en octobre 1937 du parti pronazi des Croix-Fléchées. |
|
Le 8 mai 1938, Darányi doit céder la place à Béla Imrédy,
qui, lors du démembrement de la Tchécoslovaquie, obtient la restitution d'une
partie de la Slovaquie (2 novembre). Imrédy, en février 1939, signe une
loi antisémite et adhère au pacte anti-Komintern. Mais il est remplacé par le conservateur antinazi Pál Teleki, qui fait occuper la
Ruthénie (19 mars). Le 30 août 1940, la Hongrie obtient la
restitution du nord de la Transylvanie par la Roumanie mais doit rejoindre
(20 novembre) avec cette dernière et la Slovaquie le pacte tripartite
(Allemagne, Italie, Japon). |
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L'armée allemande ayant traversé la Hongrie sans son accord
pour attaquer la Yougoslavie, Teleki se suicide. Son successeur, László
Bárdossy, déclare la guerre à l'URSS (27 juin 1941). Mais, dès mars
1942, le gouvernement de Miklós Kállay, qui veut se retirer de la guerre,
prépare une paix séparée. Aussi l'Allemagne occupe-t-elle la Hongrie
(19 mars 1944) et impose-t-elle Döme Sztójay, qui applique une
législation antisémite et est bientôt révoqué par Horthy (24 août), qui
nomme Géza Lakatós, chargé de préparer l'armistice. Les Allemands obligent
Horthy à démissionner et imposent les Croix-Fléchées de Szálasi, qui
instaurent un régime de terreur. |
|
En décembre 1944, l'Armée rouge encercle Budapest, et le
gouvernement de Szálasi s'enfuit en Allemagne. Le 22 décembre, les
partis et organisations ayant constitué le Front national hongrois forment un
gouvernement provisoire, qui signe le 20 janvier 1945 le nouvel
armistice. |
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10. LA HONGRIE SOCIALISTE |
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10.1. L'INSTAURATION DU RÉGIME COMMUNISTE |
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Favorisé par la présence de l'Armée rouge, le parti
communiste, dont les effectifs avaient toujours été très réduits et qui avait
été victime d'une terrible persécution sous la Régence, se reconstitue. Le
15 mars 1945, la loi de réforme agraire distribue à
660 000 paysans environ 1 800 000 hectares. En
novembre 1945, un accord économique soviéto-hongrois prolonge les
réquisitions du temps de guerre par la mainmise sur l'économie hongroise. Les
Magyars doivent se contenter des frontières de 1920, mais ils expulsent les
500 000 Allemands de leur pays. |
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|
Les élections de novembre 1945 assurent la victoire des
agrariens (56 % des suffrages). Le parti communiste, qui n'a obtenu que
17 % des voix, continue à participer au ministère, gardant l'Intérieur,
dont le contrôle permet de préparer l'arrivée au pouvoir. La république est
proclamée (février 1946) ; Zoltán Tildy (agrarien) devient président de
la République, et Ferenc Nagy (agrarien) président du Conseil. |
|
Les communistes provoquent la formation d'un bloc de la
gauche au sein du Front national (mars 1946) ; de gré, puis de force,
ils obtiennent l'épuration du parti agrarien ; Ferenc Nagy doit
démissionner (août 1947). Les élections d'août 1947 donnent 22 % des
voix au parti communiste, mais 60 % à la coalition qu'il dirige. En juin
1948, le parti communiste fusionne avec les socialistes de gauche pour former
le parti des Travailleurs hongrois. Les entreprises occupant plus de
100 personnes sont nationalisées. La lutte contre le clergé catholique
s'accentue. Dès 1946, le cardinal Mindszenty, primat de Hongrie, a
protesté contre la proclamation de la république. Peu après, le gouvernement
a décidé la séparation de l'Église et de l'État, a laïcisé l'état civil et le
mariage. En 1948, il sécularise les écoles et nationalise les biens du
clergé, qui reçoit désormais un traitement. En février 1949, le primat est
condamné à la prison perpétuelle pour complot et espionnage. |
|
Le ministre de l'Intérieur, Rajk, organise les élections de mai 1949 avec liste unique, et les
partis bourgeois achèvent bientôt de disparaître. Le secrétaire général du
parti communiste, Rákosi, proclame la République populaire hongroise le 20 août
1949 et présente le premier plan quinquennal (1950-1954). Le procès et
l'exécution de Rajk (septembre-octobre 1949) marquent le début d'une grande
épuration dirigée contre les « titistes ». En août 1952, Rákosi
ajoute à ses pouvoirs de secrétaire général ceux de chef du gouvernement. |
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10.2. L'INSURRECTION DE BUDAPEST ET L'INTERVENTION SOVIÉTIQUE |
|
Mais la déstalinisation se fait sentir en Hongrie : le
4 juillet 1953, Rákosi est remplacé au gouvernement par Imre Nagy, qui annonce « un
nouveau cours » et proclame une amnistie. Le libéralisme mitigé de Nagy
rencontre l'hostilité d'une partie de l'appareil du parti, toujours dirigé
par Rákosi, et, le 18 avril 1955, Nagy est relevé de ses fonctions.
L'opinion ne l'admet pas, et les envoyés du Kremlin (Mikoïan et Souslov) ainsi que les dirigeants
les plus conservateurs du parti communiste doivent lâcher du lest : en
mars 1956, alors que les crimes de Staline viennent d'être condamnés par Khrouchtchev (février), Rajk
est réhabilité. L'union des écrivains et le cercle Petőfi entretiennent
l'hostilité contre Rákosi, qui démissionne le 18 juillet 1956 et est
remplacé par l'un de ses proches, Ernő Gerő. |
|
L'« Octobre polonais » (retour au pouvoir en Pologne
du réformateur Gomułka) encourage les contestataires. Le 23 octobre, une
manifestation gigantesque de solidarité avec les Polonais a lieu devant le
Parlement et des émeutes éclatent devant la Radio. Pour contrer
l’insurrection naissante, les troupes soviétiques sont appelées en renfort
des forces de la Sûreté de l’État (AVH) alors qu'Imre Nagy est renommé au
poste de Premier ministre (24 octobre 1956). Le lendemain, Ernő
Gerő est remplacé par János Kádár à la tête du parti communiste. |
|
Plus favorable à la répression, János Kádár s’oppose
finalement au gouvernement de coalition d’Imre Nagy. Ce dernier annonce des
réformes démocratiques mais reste soumis à la pression, d’une part, des
conseils ouvriers qui prennent la tête de mouvements de grève, alliés aux
comités révolutionnaires qui se sont multipliés y compris dans l’État,
d’autre part, des Soviétiques dont il cherche à obtenir l’évacuation avant
d’annoncer le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie (1er novembre). |
|
Entre le 29 et 31 octobre, le maréchal Youkov est chargé
de renverser le cours des événements dans le pays et le 4 novembre, les
troupes soviétiques investissent Budapest. Après une semaine de résistance,
l’insurrection est écrasée. La répression fait de nombreuses victimes et
entraîne l’exil de quelque 200 000 Hongrois. Parmi les condamnés à
mort, Imre Nagy et ses plus proches partisans, jugés secrètement, sont
exécutés le 16 juin 1958. |
|
Pour en savoir plus, voir l'article insurrection de
Budapest. |
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10.3. L'ÉVOLUTION APRÈS LA NORMALISATION : LE
« KADARISME » |
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Secrétaire général du parti communiste (parti des Tavailleurs
reconstitué en 1956 sous le nom de parti socialiste ouvrier hongrois) et chef
du gouvernement depuis novembre 1956, János Kádár est remplacé à ce dernier poste, en 1958, par Ferenc
Münnich. En 1961, il cumule de nouveau les charges de secrétaire général du
parti et de président du Conseil ; en 1965, un « kadariste »
éprouvé, Gyula Kállai, vice-président depuis 1960, lui succède à la tête du
gouvernement. Quant au chef de l'État (président du Conseil
présidentiel), István Dobi (de 1952 à 1967), il exerce sa charge honorifique dans
l'ombre de Kádár. |
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Dans le même temps, la Hongrie s'engage sur la voie de la
déstalinisation. Associé à la répression qui suit l’insurrection de Budapest,
le « kadarisme » évolue à partir des années 1960 vers une ouverture
pragmatique mais partielle du régime, ponctuée de phases de durcissement. |
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Ainsi, en 1962, le VIIIe Congrès du parti socialiste ouvrier hongrois écarte les
dirigeants les plus staliniens et conservateurs, et une large amnistie est
décrétée en 1963. Au début de 1967, Kádár instaure un nouveau système
électoral : à la place de la division du corps électoral en
20 circonscriptions à plusieurs sièges, où l'électeur ne pouvait que
voter en bloc pour la liste proposée, le pays est divisé en
349 circonscriptions d'un siège, l'électeur pouvant choisir parmi
plusieurs candidats tous issus toutefois du « Front patriotique
populaire » dominé par le parti. |
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Les élections de 1967 sont suivies, le 14 avril, d'un
remaniement gouvernemental. Tandis que Pál Losonczi remplace István Dobi
comme chef de l'État, Gyula Kállai quitte la présidence du Conseil pour celle
de l'Assemblée nationale. Mais les réformes touchent pour l’essentiel le
système économique dont les règles sont modifiées à partir de 1968 avec une
révision de la planification centralisée et une autonomie accrue des
entreprises. Cette tâche est confiée à Jenő Fock, chef du gouvernement
de 1967 à 1975. Outre l'amélioration du niveau de vie, la plus grande
coopération économique avec l'Occident, l'accord avec le Vatican rétablissant
la hiérarchie catholique le 23 janvier 1969 – ainsi que le départ
du cardinal Mindszenty (réfugié à l'ambassade des États-Unis depuis
l'intervention soviétique de 1956) pour Rome le 28 septembre 1971 puis
pour l'Autriche – favorisent la libéralisation. En mars 1969, les
conseils locaux sont transformés en « organes autonomes socialistes »,
disposant aussi d'une certaine autonomie financière. L'influence des
syndicats se développe, et leur secrétaire général participe au Conseil des
ministres. |
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En 1975, Jenő Fock est remplacé, à la tête du
gouvernement, par György Lázár, János Kádár restant à la tête du parti et Pál
Losonczi chef de l'État. Après la crise économique internationale de 1973,
l’échec des mesures de recentralisation conduit finalement le gouvernement à
accentuer sa politique d'ouverture vers l'Occident et les réformes
structurelles dont la légalisation des petites entreprises privées en 1982. |
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Pour en savoir plus, voir l'article Hongrie : vie
politique depuis 1989. |
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